Scotty Pone — Fiumicino

Bas les masques: Scotty Pone est le double de Gerhard Steiner, 35 ans, multi-instrumentiste résidant à Hanovre. Révélation qui n’en est pas une mais qui pose clairement la démarche du bonhomme. Ni faux-semblant, ni détournement, tel qu’en lui même à l’image de cette portion de visage en plan serré sur la pochette. Gerhard Steiner dit tout de son désir d’être ailleurs qu’en sa ville, d’être un autre aussi, réinventé en ce Scotty Pone, séducteur sur le retour, lancé au guidon de sa Moto Guzzi sur les routes d’Italie. Virée de fin d’après-midi, c’est dans la lumière du couchant qu’il nous transporte sur la côte amalfitaine. Piano et voix suffisent au charme de la ballade («Vesuvio», «Sono Solo»). On trouve de la guitare sèche aussi, ici ouvragée à la mandoline pour dire l’inexorable déclin des passions («Per Favore»), là érotisée par la voix de la mystérieuse «Anita» (une certaine Anita Long) pour le constat doux-amer d’une fin de romance. Mais Scotty Pone n’est pas homme à se plaindre. La voix pleine, grave, chaude toujours, manière de Johnny Cash sans la noirceur affichée, il affronte les tourments de l’amour avec cran, et en italien per favore! (seuls titres en anglais: «A Room With A View», «Long Walks In The Dark», «Favourite Beaches»)! Il n’en reste pas moins que l’accent allemand de Scotty est à couper au couteau. Mais loin de gâcher le tableau, il y met une sincérité poignante. Gerhard Steiner ne cherche pas à forcer le trait. Il chante avec sa voix (belle), son accent (allemand). Autrement dit, il chante «juste» et son Italie nous va droit au cœur.