Cruz — Fuck The Series

En avril 2006, le président guatemaltèque Oscar Berger réquisitionne l’armée pour faire la guerre aux maras. «Mano Dura», c’est le nom de cette opération menée contre les gangs dont Adamo Cruzeiro est un aspirant zélé. Tandis qu’il sacrifie au rituel d’assassiner un innocent pour en être, tout un quartier de Fraijanes s’interpose, encercle l’adolescent aux multiples tatouages, l’immobilise, le frappe à son tour, enragé de découvrir la victime en sang sur le trottoir: un vieil homme du quartier. L’armée dépêchée, Adamo Cruzeiro est sauvé d’un tabassage fait pour tuer. Incarcéré à la Pavon Prison, Adamo Cruzeiro en ressort six ans plus tard. Le funèbre tatouage d’une croix catholique se superpose désormais aux sceaux guerriers de son ancienne tribu sur toute la longueur de la colonne vertébrale. Cruz, je m’appelle Cruz, répète-t-il à qui voudrait le ramener à cette vie promise au racket, au trafic de drogue et au proxénétisme. Cruz, leader incandescent du duo du même nom. Là est toute sa vie désormais, son œuvre. Rap? Spoken word? Transe? Pétage de plomb? Un peu de tout cela, l’essentiel étant contenu dans ces textes carabinés qui règlent leur compte à Adamo Cruzeiro, assassin de Pedro Delgado, 87 ans. Monomanie d’expiateur à ainsi piétiner tout ce que la petite frappe avait étreint, et ce sur les beats désordonnés et nasillards (du grand n’importe quoi !) d’un certain Gustav Van Berchem. La petite bio au dos de la pochette présente ce dernier comme Hollandais et ex-roadie de Motörhead sur la tournée Inferno en 2004. Hallucinant.