Antonov & The Mexican Spies — Bratenkopf
2004
Rock
Hambourg, Allemagne
A brouiller les pistes, certains noms de groupe fonctionnent à l’inverse, appel à débusquer les identités masquées. La preuve avec cet Antonov qui n’a bien entendu rien de bulgare et ses Mexican Spies qui ne sont pas plus mexicains. Quant à l’anglais, il n’a aucune valeur identitaire. L’universalisme s’affiche un peu plus encore avec le titre de l’album «Bratenkopf», tête rôtie en allemand, une langue à partir de laquelle il semble judicieux de reprendre – et comprendre – les choses depuis le début. Hambourg, 2001, Hörst Lang s’embarque sur un cargo de marchandises à destination de Rosario (Argentine), ville portuaire, sise au bord du fleuve Parana. Faut-il être fou pour choisir l’année de la déroute économique de l’Argentine pour émigrer ? Une guitare, un ordinateur, une valise, l’informaticien de métier n’a qu’une seule idée en tête: se consacrer à la musique. La mise à sac du pays fait-elle écho à son désir de faire table rase? Toujours est-il qu’Hörst Lang débarque à Rosario sans autre attache que ses cordes de guitare et ses cordes vocales. Repartir de zéro ou presque car, à ses heures perdues, le programmeur chez IBM était le leader d’un groupe de country-rock du nom de «Bratenkopf» se produisant sur les scènes hambourgeoises. Pied sur sol argentin, le voilà musicien. Antonov est né, seul à la guitare, il se produit dans les bars. On imagine le baladin un peu perdu mais rapide par ce biais à rencontrer du monde. Ainsi, dès 2003, Antonov ne sort plus sans ses Mexican Spies, amis pas espions pour un sou, musiciens tout à fait argentins, à qui il doit la découverte de l’électricité. Un troisième homme est né, Neil Young d’avec le Crazy Horse s’il faut une comparaison. Chemise à carreaux sortie du pantalon, Antonov et sa bande ne s’embarrassent pas de longs discours et laissent hurler les guitares. Sans technique. Avec le génie de leur liberté.