Pelikaaner — Eat More

Explosion festive sur la pochette, mais l’ambiance n’est pas à la fête. Le noir est de mise et le son avance compact et tellurique. Car ces Polonais de Lodz assènent un métal d’aciérie. Evoquant parfois les Sunn 0))), le son Pelikaaner bourdonne et charrie plus qu’il n’électrocute. Lave compacte dont le débit lent s’avère irrésistible et fatal. «Eat More»: l’injonction ne manque pas d’autorité mais l’auditeur a les oreilles déjà bien gavées. L’épreuve s’allège un tantinet avec l’irruption d’un chœur gospel («Sugar In Everything»), avec un trombone plaintif et vipérin («Sadness Makes Me Vulnerable»), avec la voix irritante «juste ce qu’il faut» de la bassiste Ada Jelenski («Lust»). Forts de ces agréments, nos Black Sabbath polonais oscillent alors entre un post-rock à la Mogwai et un psychédélisme teinté de soul à la Spiritualized. Singularité, «Over and Over» clôture l’album a capella, empilement céleste culminant dans l’éther. Le silence, enfin, est atteint. L’on se dit alors que tout ce bruit de forge n’avait qu’un seul but: magnifier le silence. Oser le recueillement pour ce métal aux soudains accents catholiques.